CFP - Colloque "Imagining a future (inside/outside) Britain"

Publié le 4 septembre 2025 Mis à jour le 5 septembre 2025
du 1 septembre 2025 au 17 novembre 2025
Les propositions de communication (en anglais ou en français), d’une longueur de 500 mots, devront être accompagnées d’une courte notice biographique et être envoyées avant le lundi 17 novembre 2025 aux adresses suivantes :
-philippe.birgy@univ-tlse2.fr
-nathalie.duclos@univ-tlse2.fr
-anita.jorge@univ-tlse2.fr
-myriam.yakoubi@univ-tlse2.fr

Comment le futur du Royaume-Uni et de ses différentes composantes a-t-il été imaginé, pensé et projeté à toutes les époques, y compris de nos jours ? S’inscrivant dans la perspective du champ interdisciplinaire des études sur le futur, et plus spécifiquement des études critiques sur le futur, qui impliquent « l’exploration et l’interrogation des façons dont la société pense, imagine et parle du futur — non pas du futur singulier, mais des futurs possibles » (Godhe & Goode 2018, traduit par Ghiasizarch 2023), ce colloque, porté par deux sociétés savantes, la SFEE et le CRECIB, et par le Centre for Anglophone Studies (CAS) de l’Université Toulouse-Jean Jaurès, propose d’étudier la façon dont le futur du Royaume-Uni et des nations qui le composent a été imaginé à travers les périodes, sur des modes fictionnels et non-fictionnels. Nous nous intéresserons à la fois aux représentations du futur du Royaume-Uni dans son ensemble (le futur de l’État, de la société et de l’Union britanniques), et aux représentations du futur des différents territoires constitutifs du Royaume-Uni soit au sein de l’Union et de l’Empire, soit au contraire hors de ceux-ci.

Les spécialistes de civilisation, d’histoire, de science politique et de sociologie pourront ainsi s’intéresser aux acteurs, discours, programmes et représentations des forces centrifuges et centripètes au sein du Royaume-Uni, État multinational qui est le résultat d’un long processus d’unification, et qui est de plus en plus décrit comme en cours de désunion, notamment depuis les années 2010 qui ont vu l’organisation d’un premier referendum sur l’indépendance de l’Écosse suivi du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, ce dernier ayant montré des résultats très contrastés selon les territoires. Sur le plan historique, la projection du futur des différentes nations des Îles britanniques au sein ou en dehors du Royaume-Uni est en outre intimement liée à leur rôle dans la constitution de l’Empire britannique. En quoi la représentation du futur de l’Union britannique est-elle liée à celle du futur de l’Empire britannique – ou d’un futur en dehors de l’Empire britannique – dans le contexte des résistances des sociétés colonisées et dans celui des rivalités impériales avec d’autres puissances, notamment européennes ? On pourra ainsi se pencher sur les différents projets constitutionnels, politiques, économiques, sociaux ou culturels ayant été imaginés pour assurer le futur de l’Union et de l’Empire – ou leur disparition. Sur le plan politique, on pourra s’intéresser aux visions du futur promues en Écosse, au pays de Galles et en Irlande / Irlande du Nord par les nationalistes et par les indépendantistes, ou a contrario par les unionistes. Le Brexit, quant à lui, appelle de nouveaux modèles de politique étrangère et de défense : comment l’avenir de la place du Royaume-Uni en Europe et dans le monde est-il dorénavant envisagé ? On pourra également s’interroger sur les projets de futurs alternatifs pour la démocratie britannique, que ce soit par le biais de projets de démocratie participative, de féminisation de la politique, ou encore d’abolition de la monarchie ou de la Chambre des Lords. Les modèles de société alternatifs (pensés dans le passé comme au temps présent), en lien avec le multiculturalisme, l’État-providence, les politiques énergétiques, éducatives et de logement, ou plus généralement le modèle économique néolibéral, sont autant de domaines à investiguer en lien avec différents types de mobilisations collectives pour faire advenir le futur souhaité.

Ces questions (politiques, économiques et sociales) ont souvent été abordées dans le domaine de la fiction. Les communications s’interrogeant sur le rôle et la place des arts – littérature, cinéma, photographie, arts plastiques – dans la conception du futur du Royaume-Uni seront les bienvenues. Aussi réaliste qu’elle se prétende, la fiction littéraire procède toujours d’un « et si » qui autorise, par un débrayage référentiel, une construction de monde entre possible et probable. Certes, le genre de l’utopie, comme projection optimiste d’une société parfaite (Utopia, Thomas More, 1516) se situe dans un nulle part détaché des temps historiques. Pourtant, il ne se présente jamais en Grande-Bretagne sans une critique des institutions et des mœurs de l’époque, et ce trait ne fait que s’accuser jusqu’à la satire chez Jonathan Swift (Gulliver’s Travels, 1726) et Samuel Butler (Erewhon, 1872).

On pourra également s’intéresser aux œuvres de science-fiction ou appartenant à des genres spéculatifs, dépeignant le futur incertain du Royaume-Uni. Dans le domaine des études filmiques plus spécifiquement, on pourra par exemple étudier un film comme Things to Come (1936), réalisé par William Cameron Menzies d’après le roman de H.G. Wells, et qui imagine le futur du pays plongé dans une guerre de trente ans et la reconstruction qui s’ensuivit, entre 1940 et 2036. Plusieurs œuvres reflétant la peur grandissante des Britanniques liée à la menace atomique virent le jour à partir des années 1960, tels que le docufiction de Peter Watkins The War Game (1966), les films The Day the Earth Caught Fire (Val Guest, 1961), The Damned (Joseph Losey, 1963), 1984 (Michael Anderson, 1956) ou encore Threads (Mick Jackson, 1984). Plus récemment, des films ou séries spéculatifs, qu’il s’agisse de productions britanniques ou étrangères, ont mis en scène le futur dystopique du Royaume-Uni, en lien avec l’avènement des nouvelles technologies, les épidémies, la société de consommation ou encore la montée du nationalisme et des idéologies populistes. On pourra par exemple se pencher sur des productions récentes telles que 28 Days Later (Danny Boyle, 2002), V for Vendetta (James McTeigue, 2005), Children of Men (Alfonso Cuarón, 2006), Never Let Me Go (Mark Romanek, 2010), Black Mirror (Charlie Brooker, 2011-), Years and Years (2019-) ou encore Little Joe (Jessica Hausner, 2019). Le genre spéculatif s’accompagne le plus souvent d’une critique sociale – les travers de la société de consommation ou les dérives du recours à l’intelligence artificielle – et/ou politique – régimes totalitaires et populistes, contrôle de la pensée et de la presse… Enfin, les doutes quant au futur du Royaume-Uni et de la société britannique dans des contextes politiques d’austérité, de coupes budgétaires dans le service public, ou de montée du populisme s’expriment également dans des œuvres s’inscrivant dans la veine du réalisme social, dont les représentants s’interrogent sur la possibilité d’un futur radieux pour les Britanniques les plus démunis ou encore sur le futur de l’État-providence britannique.

Dans ce sillage, la littérature d’anticipation ouvre un espace d’expérimentation et de mise à l’épreuve d’hypothèses sociétales sans cesser d’être plus ou moins explicitement une critique de l’existant. Les préoccupations que suscitent la modernité technique au XIXe siècle génèrent une « littérature du désastre » que H. G. Wells reprend à son compte dans sa formule du roman d’intérêt social qui projette les conséquences catastrophiques induites par le progrès (The Time Machine, 1895). Si la modernité impose le règne de la prévision et de la régulation des vies par la raison technique, alors l’ambition de saisir le futur est avant tout une donnée historique, bien avant de devenir le programme de la science-fiction. Et c’est invariablement la dystopie qui domine cet exercice auquel les romanciers et romancières britanniques se sont essayés. De E.M. Forster (« The Machine Stops », 1909), Aldous Huxley (Brave New World, 1932) et George Orwell (1984, 1949) à Anthony Burgess (A Clockwork Orange, 1962), Doris Lessing (Memoirs of a Survivor, 1974 ainsi que les cinq romans de la série Canopus in Argos, 1974–1983) et J. G. Ballard (The Drowned World, 1962, The Burning World, 1964, Millenium People, 2003), toujours, le prédictif a été associé à la mise en garde.

Les communications pourront porter sur les sujets suivants (liste non-exhaustive) :
- le futur des quatre nations au sein ou en-dehors du Royaume-Uni
- le futur du Royaume-Uni en-dehors de l’Union Européenne
- les liens entre futur de l’Union britannique et futur de l’Empire britannique
- la conception de modèles alternatifs pour la société britannique (à travers des politiques sociales, environnementales, énergétiques, éducatives, sanitaires)
- le rôle et la place des arts dans l’imagination du futur du Royaume-Uni

Comité scientifique :
-Philippe Birgy (CAS, UT2J)
-Nathalie Duclos (CAS, UT2J et SFEE)
-Anita Jorge (CAS, UT2J et CRECIB)
-Myriam Yakoubi (CAS, UT2J)

Comité d’organisation :
-Nathalie Duclos (CAS, UT2J et SFEE)
-Anita Jorge (CAS, UT2J et CRECIB)
-Myriam Yakoubi (CAS, UT2J)

Bibliographie